Jusqu’à maintenant, je n’avais rien écrit de trop personnel sur mon blog, ni sur Instagram. Par pudeur mais aussi parce que j’avais peur du jugement. Cet article, j’y pensais depuis un petit moment. A la base je voulais l’écrire pour moi-même car je tiens une sorte de Carnet du Réconfort où je rassemble toutes les choses qui m’aident dans des périodes où je vais moins bien. Et puis, en lisant certains articles chez des blogueuses (Mango & Salt) ou en écoutant des Youtubeuses, je me suis rendue compte que pas mal de filles étaient dans mon cas (à des échelles différentes) et que peut-être ce parallèle peut faire écho chez d’autres personnes. Car en écoutant ou en lisant leurs confidences sur leurs problèmes de stress chronique, d'anxiété ou d'angoisses, je me suis reconnue et ça m'a beaucoup aidée à moins me sentir seule là dedans.
L’angoisse & moi
Depuis plusieurs années maintenant, je souffre de stress chronique (beaucoup de maux physiques lié à ça) et d’anxiété (crises d’angoisses, claustrophobie, a moitié agoraphobe + d’autres peurs où il est dur de mettre un nom précis). Ces angoisses fonctionnent un peu par cycles. Il y a des périodes où elles sont moins fortes, je les gère bien et où j’arrive à vivre "plus ou moins" ma vie normalement. Et il y a des périodes plus sombres où elles me submergent et où j’ai l’impression que je ne m’en sortirai jamais, que je ne vivrai plus jamais une vie normale et ça me déprime. Dans ces périodes sombres, je suis encore plus sensible que d’habitude niveau émotionnel et j’ai du mal à me raisonner sur mes peurs. A la fin de cet hiver, j’ai justement vécu une de ces périodes qui a été très dure psychologiquement. J’ai presque eu l’impression de devenir folle. A part mon entourage proche à qui j'en ai parlé, personne ne s’en est rendu compte car tout ça se vit intérieurement.
J’ai une famille très compréhensive et des amis qui sont là pour moi. Mais quand on vit quelque chose comme ça, on est tout seul face à ça et même si nos proches sont là en soutien, ils ne peuvent pas combattre ça pour nous. Et surtout, il est parfois dur de leur expliquer ce que l’on vit vraiment, ce qu’il se passe dans notre tête et contre quoi on se bat. Si vous ne l’avez pas vécu, vous n’imaginez pas à quel point cela est déroutant et dur. Surtout quand ça dure depuis des années.
Vous allez me dire… que vient faire Harry Potter là dedans ? J’y viens j’y viens !
Harry Potter ne m’a pas guéri de mes angoisses profondes. Je suis plutôt allée voir mon médecin, j’ai fais de l’hypnose et actuellement je vois une psychothérapeute pour essayer de combattre tout ça. C’est la meilleure chose que j’ai pu faire d’ailleurs car ça va bien mieux et j’ai déjà réussi à combattre quelques problèmes.
Par contre, Harry Potter m’a apporté beaucoup de réconfort à plusieurs niveaux.
S'évader dans cet univers
C’est un univers réconfortant pour moi. Je suis passionnée par cette saga depuis la première fois où je l’ai lue. J’ai écris plein de fan-fictions quand j’étais jeune dans cet univers et je crois que si il fallait un endroit fictif où vivre, ce serait celui-ci pour moi. Lire HP c'est comme aller dans un lieu de mon enfance où j'ai vécu de belles choses. C'est un doudou, un endroit chaleureux et familier. Lire la saga en période où ça ne va pas me fait donc beaucoup de bien car ça me réconforte et me permet de m’évader.
JK Rowling
JK Rowling a avoué en interview avoir eu des épisodes dépressifs dans sa vie et s’en être sortie grâce à une thérapie cognitivo-comportementale. Que cette thérapie lui avait donné des clés pour mieux gérer par la suite.
Elle ne le dit pas dans cette interview là, c’est une autre que j’avais lu à l’époque mais elle avait dit aussi avoir eu une période où elle avait peur de la foule. De savoir que cette femme qui a écrit un livre aussi génial à eux des problèmes de ce type m’a fait du bien. Cela montre qu’on peut s’en sortir et accomplir de belles choses malgré tout.
Rendez votre peur Riddiculus
Dans le tome 3 Le Prisionnier d’Azkaban, Rémus Lupin apprend à ses élèves à affronter leurs peurs et/ou phobies. Souvenez-vous, une armoire dans une salle de classe qui tremble, il ouvre la porte et là l’épouvantard sort, il se transforme en votre plus grande peur, vous la visualisez, là devant vous !
Bien sûr, dans le film c’est une scène drôle mais dans la vie, quand votre plus grande angoisse se matérialise en image dans votre tête elle vous fait peur. Car l’anxiété c’est quoi ? C’est une peur sans objet .
Dans un livre que j’avais lu chez mes parents cet hiver, ils disent par exemple « qu’une personne anxieuse est souvent une personne qui a une imagination très développée et incontrôlée. Qui s’imagine des situations bien au-delà de la réalité et se croit incapable d’y faire face. Elle craint la folie à cause de cette « activité mentale » et n’ose en parler à son entourage de peur de passer pour un fou. En réalité c’est une trop grande sensibilité mal gérée. »
Quand vous prenez du recul sur votre peur, vous vous dîtes qu’elle est ridicule, sauf qu’émotionnellement, vous êtes incapable de la gérer. C’est vrai quoi, le vide, la foule, l’enfermement, les araignées… j’ai même une collègue qui a la phobie des papillons ! Quand ce n’est pas la nôtre, on ricane, on se moque un peu mais quand c’est la nôtre…elle nous paralyse ou peut nous faire faire une crise d’angoisse (pour certaines personnes ça peut être des palpitations, des vertiges..).
Mais revenons à HP, vous allez comprendre où je veux en venir avec mon parallèle :
Qu’est-ce qu’un épouvantard ? C’est un non-être, c’est une créature qui prend racine dans les émotions humaines et se nourrit de la peur. Il pourra devenir plus grand et plus fort si il en absorbe beaucoup. Les proies favorites des épouvantards sont les personnes angoissées (tiens tiens !).
Pour neutraliser un épouvantard, il faut faire deux actions en même temps : se concentrer mentalement pour imaginer la forme la plus ridicule à donner à notre peur en prononçant « Ri-ddi-ku-lus ! » (vous entendez la voix de Lupin aussi quand vous lisez ça ?). Il faut donc penser à quelque chose de drôle qui désamorcera la peur.
Quand on lis tout ça et qu’on est quelqu’un d’angoissé, d’anxieux, ça fait forcément écho en nous. Et je ne doute pas une seconde que JKR ai connu ça dans sa vie car ça décrit assez bien ce que l’on peut ressentir et les mécanismes pour combattre qu’on peut (doit) mettre en place.
Trouvez votre Patronus
L’autre revers insidieux de l’anxiété est que par périodes, elle peut causer des déprimes, cette impression que notre vie ne sera plus jamais la même, qu’on sera toujours brimé par cette peur, qu’elle nous empêchera de vivre « normalement ». Et c’est là que je vais enchaîner sur les détraqueurs.
Toujours dans le tome 3. Harry est confronté aux horribles détraqueurs. Je vous mets une petite définition du détraqueur :
« C’est une créature des ténèbres la plus abjecte au monde. Les détraqueurs se nourrissent de la joie humaine et provoquent par la même occasion le désespoir et la tristesse sur les individus à proximité. Une personne qui subit son pouvoir ne garde plus en mémoire que les pires moments de sa vie. Ils sont capables d’aspirer l’âme et laissent des séquelles parfois irréversibles sur leurs victimes. Le seul moyen de les repousser et le sortilège du Patronus. »
JK Rowling l’a dit dans plusieurs fois en interview : c’est suite à une dépression nerveuse qu’elle a inventé cette créature. Les symptômes qu’elle provoque sont exactement les mêmes et le sortilège du Patronus évoque symboliquement un remède pour les repousser.
« Le Patronus est un esprit protecteur qui peut servir de bouclier. C’est un des sortilèges de défense les plus complexe à exécuter. C’est une projection de force positive telle que l’espoir, le bonheur ou le désir de vivre – qui représente la personnalité profonde d’un sorcier qui apparaît sous la forme d’un animal. Lors de l’invocation d’un Patronus, le sorcier doit puiser dans des ressources de magie encore inexploitées qui sont liées au « soi » profond, un « soi » secret qui ne faisait alors que sommeiller au plus profond de son être et qui doit alors surgir au grand jour. »
« Pour lancer le sortilège du Patronus, il est nécessaire de se concentrer sur un souvenir ou une idée particulièrement heureux et prononcer la formule « expecto patronum » ou « spero patronum »
Lorsqu’il est invoqué correctement, le Patronus fait office de bouclier contre la magie noire et certaines créatures maléfiques. »
La complexité du sortilège renvoie au chemin difficile qu’il faut mener en soi pour se sortir d’un état dépressif en mettant en place des stratégies intérieures, en s’entraînant à cultiver le bonheur et en suivant une thérapie pour se retrouver, retrouver du sens à sa vie, retrouver qui ont est vraiment . Bien sûr c’est assez symbolique et résumé mais l’idée est là. D’ailleurs ma meilleure amie me dit souvent dans ces périodes là qu’il faut que je trouve mon Patronus pour repousser les idées noires.
Enfin, Lupin et Mme Pomfresh donnent toujours du chocolat à Harry lorsqu'il subit les attaques des détraqueurs. Quand on sait que c’est un aliment très bon pour le moral…
Je suis une Gryffondor
Dernier point concernant HP et le combat contre l’anxiété, les peurs : Gryffondor . Ce point là est beaucoup plus personnel et vous allez peut-être vous moquer mais au point (de confidence) où j’en suis… c'est finalement plus une anecdote.
Depuis l'adolescence, j’ai toujours été une Gryffondor. Comme une évidence, il ne pouvait en être autrement. Mon test sur Pottermore l’avait confirmé. Dans des périodes où je me livre à des petites batailles contre mes peurs (aller dans un centre commercial bondé un samedi, reprendre le bus…) j’ai besoin de courage ! Et j’essaye d’avoir le réflexe de me dire « Caro, tu es une Gryffondor bordel, une Gryffondor c’est méga courageux, ça ne recule pas devant l’obstacle et c’est déterminé ! Eux ils combattaient Voldemort ! Toi…tu as peur de prendre un bus ! ». C’est con mais ça me donne une petite dose de courage et souvent je combats ma peur sur ce moment là ! Seul un Potterhead peut comprendre cette partie ! Cela dit depuis 2 ou 3 ans, je me sens aussi proche des Poufsouffle et Serdaigle.
Voilà, ce lonnnnnnng article confidence est terminé. Merci à ceux qui ont pris le temps de me lire. J’espère que cela vous a intéressé. Cela vous permet aussi de comprendre pourquoi le tome 3 est mon tome préféré. Ce n’est pas cela qui vous guérira mais moi ça m’a aidé et ça m’aide encore. Petite bataille sur petite bataille gagnée, je vais y arriver bordel, car je suis une Gryffondor ! Je conclurai en citant ce cher Dumbeldore : "On peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres... Il suffit de se souvenir, d'allumer la lumière."
Illustration de Jim Kay
PS: Une autre œuvre qui m'a beaucoup parlée pour ce type de souci est L'Assassin Royal. Mais je vous lui consacrerai sûrement un article.
PS1 : Les illustrations de cet article sont toutes issues d'éditions UK et US de Harry Potter