Avec nos emplois du temps chargés et notre vie à 100 à l'heure, il n'est pas facile de se remettre à créer. Ajoutez à cela des envies de perfections dès les premiers coups de pinceaux et le manque de confiance en soi et vous risquez de vous y mette 2 heures un samedi et d'abandonner aussitôt.
Je reçois souvent des questions sur "comment je trouve le temps de faire tout ça en dehors de mon travail ?", "Comment j'ai débuté ?"... Je vais donc essayer de développer cela au mieux dans cet article même si je vous préviens, c'est un peu "fourre-tout". Toutes ces réflexions s'appliquent d'ailleurs à toutes les passions, les projets que vous aimeriez menez, pas seulement à la peinture.
Trouver le temps
Je crois que c'est la première chose à régler dans sa vie pour pouvoir s'adonner à n'importe quelle passion. Souvent les choses se font naturellement car le bien-être et la satisfaction que vous procure l'activité vous donne envie de vous y remettre dès qu'un moment se présente. Mais parfois, au début, il faut trouver du temps.
Il n'y a pas de secret, les journées font 24h chez tout le monde. La plupart avons un travail à plein temps donc demandez-vous comment est réparti votre temps en dehors des heures de travail et de sommeil : combien de temps passez-vous sur les réseaux sociaux ? Sur Netflix ? Avec vos amis ? Avec votre famille ? Listez les indispensables et demandez-vous si ce temps est correctement réparti.
Car "le bon moment" n'arrivera jamais. Si vous attendez d'avoir fini le ménage, les courses, d'être en forme, d'avoir 4h devant vous, d'être en vacances... ce moment n'arrivera jamais. Où quand il arrivera, vous n'aurez pas forcément envie de peindre à ce moment là. Croyez-moi, je l'ai longtemps attendu.
Pour moi, le déclic s'est fait quand j'ai lu le livre Weekend paresseux, weekend heureux. Ce livre parle de la façon dont on organise nos weekend et comment en ressortir plus satisfait. A un moment donné du livre, l'auteur sort les résultats d'une enquête faite dans un service de soins palliatifs de fin de vie où une infirmière avait demandé à chaque patient ce dont il était le plus heureux dans sa vie et ce qu'il regrettait. La plupart des réponses étaient liés à la qualité des relations humaines (famille, amis) ou à l'accomplissement de quelque chose (voyage, créations...) mais aucun n'a répondu "Je regrette de ne pas avoir regardé plus de séries ou d'émissions".
J'ai pris conscience après cette lecture du nombre d'heures que je passais devant ma TV, parfois des dimanches entiers. Alors certes certaines séries m'ont procuré de vraies émotions positives mais quand on prend du recul, est-ce que vraiment TOUTES ces séries apportent tant que ça dans une vie ? Il y a beaucoup de séries que je regardais "comme ça", sans en retirer plus qu'une satisfaction instantanée. Alors j'ai décidé de "ré-équilibrer" mon temps dédié aux séries et de ne regarder uniquement des séries que j'aime VRAIMENT ! Qui m'apportent quelque chose !
J'ai aussi dû dépasser ma façon d'envisager mes soirées à la maison, autrement que dans mon canapé, de manière "passive". L'impression que si je faisais autre chose que d'être sur mon canapé, ça allait être fatiguant. Et je n'allais pas me reposer de ma journée. Au point de meubler ce temps canapé, justement avec des séries ou des films qui ne me faisaient pas plus envie que ça mais qui étaient quand même prenantes. Bien sûr si votre passion est de regarder des séries, cela ne vous concerne pas mais si vous voulez dégagez du temps pour autre chose, il faut s'interroger sur le réel apport que cela a dans votre vie.
Je peux vous assurer que passer une soirée à peindre ne fatigue pas mais détend et offre un sentiment d'accomplissement énorme car vous avez avancé dans vos projets. En revanche, certains soirs où je suis vraiment fatiguée, je ne peins qu'une heure ou deux et je regarde juste un épisode de série. Certains soir je ne peins pas du tout et je passe ma soirée à regarder un film, à lire un bouquin ou à voir des amis. Il faut juste arriver à mieux "doser" son temps en fonction de ses objectifs tout simplement.
S'y mettre, accepter le processus d'apprentissage et rejeter le perfectionnisme
Avant de commencer, il vous faut déjà combattre ce qui fait que vous ne vous y mettez pas, en un mot: vos peurs. Dans son livre Comme par magie, Elizabeth Gilbert dresse une liste des peurs qui sont liées à la création. Je vous ai fait une capture car c'est très parlant.
Oui, il faut vraiment l'accepter. A moins que vous ayez un don (ce que je vous souhaite bien sûr), vos premiers essais ne seront pas des chef-d'oeuvre et c'est normal. "Vous mettre à créer pour le plaisir n'implique pas autre chose que de créer pour le plaisir." Vous n'êtes pas obligé de le montrer aux autres, vous n'êtes pas obligé d'aller jusqu'à changer de métier pour mener une existence créative, vous pouvez juste, vous faire plaisir.
Comme dans toute nouvelle activité, il y a une période où vous allez devoir vous familiariser avec un nouveau vocabulaire, de nouveaux codes, de nouvelles façons de faire. Vous pouvez le faire en suivant des tutoriels sur Youtube ou Instagram, des cours ou avec des livres.
En ce qui me concerne, tout est parti de ce plaisir que j'avais de créer et j'ai passé 6 mois à peindre presque tous les soirs en recopiant des illustrations que j'aimais. Le but était d'apprendre à me servir de mes pinceaux, de me familiariser avec la façon dont la peinture réagissait, à trouver mon processus créatif, à comprendre comment faire ressortir des reliefs, des ombres... et de me faire plaisir. Je n'avais aucun autre but, je n’envisageait pas de montrer mon travail sur Instagram, je n'en parlais pas, je voulais juste...peindre.
Je me suis rendue compte en étudiant le style des illustrateurs que j'aimais qu'il ne fallait pas chercher le réalisme à tout prix. Certains illustrateurs ont un style très naïf et c'est superbe quand même.
ça m'a fait beaucoup de bien de me rendre compte de ça. La perfection universelle n’existe pas en art je pense car chacun a sa propre vision de la perfection vis à vis de son art et ce que les autres en perçoive est encore différent.
Ensuite j'ai commencé à peindre mes propres créations car j'avais un peu plus confiance en mes capacités, il fallait juste que (désormais) je développe mon propre univers. Notre style et la qualité de nos créations évoluera toujours, il faut l'accepter aussi.
Quand je revois mes premières créations, je trouve que je peins bien mieux aujourd'hui mais à l'époque j'étais très satisfaite de ce que je faisais et j'avais déjà tiré celles-ci en cartes.
Il faut bien commencer à un moment donné son chemin créatif, s'y mettre, avancer et voir où cela nous mène. Peut-être que vous allez commencer l'aquarelle puis découvrir l'acrylique et partir là dedans. Où l'aquarelle vous mènera à suivre des artistes dans différents domaines qui vous feront bifurquer, vous n'en savez rien.
Donc faites juste ce premier pas et vous verrez ! Ayez confiance en ce que la vie met sur notre chemin.
L'inspiration
C'est une question qui revient souvent, "Où trouves-tu l'inspiration ?", "Prends-tu des modèles ?". Pour ma part, je suis constamment en veille, tout m'inspire ! Et pas seulement dans le milieu de l'illustration. J'ai pris ces réflexes au travail, quand je devais chercher de nouvelles idées pour mettre en valeur des produits sur les réseaux sociaux, j'allais chercher l'inspiration partout ! Même hors internet. C'est mon chef de l'époque qui m'a appris à tout observer, a 'sentir les tendances', à adapter des concepts à un autre domaine. Maintenant c'est un réflexe que j'applique autant dans ma peinture que dans ma façon de gérer Carofromwoodland.
Pour cela j'utilise Pinterest où j'ai des tonnes de tableaux d'idées, de concepts, de photos classées par catégories "Saisons", "Façades", "Gourmandises"... mais aussi via la fonction "Éléments enregistrés" sur Instagram. Je fais aussi beaucoup de "captures" sur mon téléphone quand je vois passer des idées inspirantes ou je m'envoie des mails à moi même pour penser à noter une idée que j'ai eu dans la rue dans mon carnet d'idées que j'ai toujours sur mon bureau. Je fais ça tout le temps, toute l'année, dès qu'une idée vient et le jour où je dois créer une collection, je ressors mon petit carnet et je fais le tri.
Généralement je mixe plusieurs idées en une. Si je peins une maison, je vais mixer plusieurs photos : prendre les briques de celles-ci, avec la forme du toit de celle là et ce décor de foret sur l'autre photo...
Au moment de créer Verveine, j'ai décidé d'étudier des illustrateurs que j'admirais pour voir comment ils arrivaient à retranscrire ce que j'aimais dans leurs dessins : Béatrix Potter, Jill Barklem, Kazuo Iwamura, Loïc Jouannigot et Jim Kay. J'ai donc commandé leurs livres et j'ai étudié leur style, leur manière de gérer les espaces, leur manière de traiter les personnages, ils m'ont beaucoup inspirés pour ce projet.
Ce que j'aime dans la peinture
Peindre ou faire n'importe quelle activité créative détends, vide la tête, plonge dans une bulle hors du temps ! J'espère que vous expérimenterez cela car c'est une sensation unique : seul au monde face à sa création qui petit à petit prend vie. Mon temps de création est vraiment devenu un moment bien-être où pendant quelques heures tout est différent.
Il est souvent accompagné de musique (j'ai ma playlist fétiche pour créer) ou de l'écoute d'un podcast ou d'un audiobook (j'utilise Audible).
Quand je ne suis pas seule dans la pièce pour pouvoir écouter mes musiques, je mets mon casque qui m'isole et c'est un vrai bonheur.
Aller au bout de mes peintures et de les projets en général m'apporte une satisfaction beaucoup plus grande que de visionner une série finalement. C'est la leçon que j'en retire !
Eviter de se comparer
Ah la comparaison... oui ça peut nous couper l'herbe sous le pied au point que l'on ose pas se lancer. Il y a tellement de gens qui ont du talent, tellement de gens qui créent des choses merveilleuses... que ça file de sérieux complexes. Je suis sûre que les gens qu'on admire ont eux aussi des complexes par rapport à d'autres.
Mais voilà, il y a eux, qui avancent sur leur chemin et vous qui restez paralysés en les regardant et qui ne faites rien. Il faut accepter qu'il y aura toujours des gens extrêmement talentueux partout. Pas forcément "meilleurs que vous", mais qui réussissent là où vous aimeriez réussir. Et qui le font plus vite que tout le monde. C'est comme ça...
Ce qui est sûr c'est qu'ils s'y sont mis à un moment donné, qu'ils ont bossé et qu'ils ont progressé pour en arriver là où ils en sont aujourd'hui. A part quelques personnes qui ont des dons, ou de la chance, tout succès résulte d'un travail acharné, d'une persévérance et d'une constance dans tout cela. ça vaut pour la peinture, ça vaut pour les créations, ça vaut aussi pour le succès d'un compte instagram, ça vaut pour le travail... .
Donc mieux vaut éviter de se comparer à des personnes qui ont de l'expérience quand on débute, et même après. J'ai moi même des périodes où je découvre des merveilleuses artistes et où je ressens un très fort syndrome de l'imposteur. Je rumine une journée et je m'y remets pour continuer d'avancer, de progresser, de créer.
Pour aller plus loin
Pour aller plus loin dans les réflexions sur la création, je vous conseille (encore), le livre d'Elizabeth Gilbert que j'ai lu l'an dernier. Il y a de bonnes réflexions et ça motive a créer (ormis quelques passages un peu "perchés"). Il y a aussi le livre de Marie Bourdon, J'ose Créer. Enfin, sur l'inspiration, j'ai bien aimé le livre de Natascha Birds : Inspirations (mais il faut adhérer a la personne pour l'apprécier a sa juste valeur).
J'espère que ces réflexions vous auront apporté, que vous allez avoir envie de vous y mettre aussi.